La Russie considérera les cargos approchant des ports ukrainiens de la mer Noire comme des « transporteurs possibles de cargaisons militaires ».
C’est ce qu’a annoncé le ministère russe de la Défense mercredi, selon les agences de presse AFP, Reuters et dpa.
« Les États du pavillon de ces navires seront considérés comme des parties au conflit ukrainien du côté du régime de Kiev », a déclaré le ministère, selon l’AFP.
Les nouvelles règles s’appliqueront à partir de minuit, heure russe, dans la nuit de jeudi à vendredi. C’est mercredi à 23h00, heure danoise.
Le ministère annonce également que certaines parties de la mer Noire ont été déclarées temporairement dangereuses pour la navigation.
La dernière mesure prise par la Russie intervient alors que le pays s’est retiré cette semaine de l’accord qui permettait jusqu’à présent à l’Ukraine d’exporter des céréales via la mer Noire.
Cet accord permettait d’expédier en toute sécurité des céréales par bateau depuis les ports ukrainiens de la mer Noire, malgré le blocage des eaux par les navires de guerre russes.
Le retrait de la Russie de l’accord a été condamné par la communauté internationale.
Les pays pauvres d’Afrique sont particulièrement dépendants des livraisons de maïs, de blé et d’autres céréales en provenance d’Ukraine.
Le gouvernement de la capitale ukrainienne, Kiev, a annoncé qu’il était prêt à poursuivre les exportations même si la Russie s’est retirée de l’accord.
Mykhajlo Podoljak, conseiller du président ukrainien, déclare à l’AFP que le gouvernement ukrainien envisage des patrouilles militaires conjointes entre les pays riverains de la mer Noire.
L’Ukraine n’a pas commenté dans l’immédiat la dernière annonce du ministère russe de la Défense.
Plus tôt dans la journée de mercredi, l’Ukraine a accusé les forces russes d’avoir délibérément tiré des missiles sur les grands entrepôts de la mer Noire où sont stockées les céréales destinées à l’exportation.
Environ 60 000 tonnes de céréales ont été détruites, selon l’Ukraine.
La Russie a bombardé des cibles dans l’importante ville portuaire d’Odessa, dans le sud de l’Ukraine, deux nuits de suite.
Le message du ministère russe de la défense selon lequel les cargos peuvent désormais être des cibles militaires potentielles a entraîné une hausse significative du prix du blé mercredi soir. Il est plus de huit pour cent plus cher que la veille.
Au cours des dix dernières années, les prix n’ont augmenté que deux fois de huit pour cent ou plus en une seule journée.
Les prix du maïs et du colza ont également fait un bond en avant mercredi.
Selon l’ONU, l’accord sur les céréales dont la Russie s’est retirée a permis de réduire de 20 % les prix mondiaux des denrées alimentaires, qui avaient grimpé en flèche après le déclenchement de la guerre en 2022.
L’Ukraine est un pays important dans la lutte pour nourrir les plus pauvres, déclare Michael Dunford, directeur régional du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies en Afrique de l’Est.
Et la sortie de la Russie de l’accord sur les céréales « exacerbera une situation déjà terrible », a-t-il déclaré à l’AFP mardi.
« Cela rendra notre capacité à nourrir les gens affamés beaucoup plus difficile », a déclaré M. Dunford.