Deux chrétiens arrêtés pour blasphème après l’attaque d’un quartier chrétien au Pakistan

La police pakistanaise a arrêté deux chrétiens accusés de blasphème.

C’est ce qu’a déclaré un porte-parole de la police.

Ces arrestations interviennent un jour après qu’une foule de musulmans en colère a incendié au moins quatre églises et une douzaine de maisons et de magasins dans un quartier chrétien de l’est du pays.

Les musulmans ont forcé des centaines de chrétiens à fuir après que deux d’entre eux aient été accusés d’avoir profané le Coran.

« Les enfants, les femmes et les personnes âgées ont dû courir. Certains couraient pieds nus et d’autres s’enfuyaient en pousse-pousse. C’était le chaos partout », raconte le pasteur Javed Bhatti, l’un des rares chrétiens à être revenu jeudi en fin de journée pour constater les dégâts.

Plus tôt dans la journée de jeudi, la police avait déployé des gardes dans le quartier chrétien de Jaranwala, situé à la périphérie de la ville industrielle de Faisalabad.

Les autorités ont déclaré précédemment qu’elles étaient à la recherche de deux frères chrétiens qui auraient profané le Coran.

Un ministre de la province du Pendjab, Moshi Naqvi, a déclaré jeudi en fin de journée que le « principal accusé » avait été appréhendé. Toutefois, il n’a pas donné plus de détails.

La police affirme que plus de 120 personnes ont été arrêtées à la suite de ces incidents violents.

Selon l’AFP, la foule en colère avait été encouragée à manifester par des membres d’une mosquée qui avaient utilisé le haut-parleur de la mosquée pour diffuser la nouvelle des accusations portées contre les frères chrétiens.

Les musulmans vivant dans la zone à prédominance chrétienne ont hébergé leurs voisins et apposé des versets coraniques sur les portes des maisons chrétiennes pour éviter qu’elles ne deviennent la cible de la colère. C’est ce qu’ont déclaré des musulmans et des chrétiens de la région.

Des représentants des autorités ont condamné la violence, tandis que de petites manifestations ont également eu lieu dans plusieurs villes, appelant à la protection des chrétiens.

Le blasphème est une accusation violente au Pakistan, pays profondément conservateur et majoritairement musulman.

Dans ce pays, même des accusations non fondées d’insulte à l’islam et au prophète Mahomet peuvent conduire à l’assassinat par des groupes d’autodéfense.

L’organisation de défense des droits de l’homme Amnesty International demande aux autorités pakistanaises de protéger les minorités chrétiennes du pays.

« Les autorités pakistanaises doivent immédiatement s’attaquer au climat d’impunité qui entoure les violences contre les minorités religieuses.

« Les attaques vicieuses de la foule ne sont que la dernière manifestation de la violence vigilante à laquelle toute personne peut être confrontée au Pakistan à la suite d’une accusation de blasphème », peut-on lire dans un communiqué de presse de l’organisation.

Chloé

Chloé, rédactrice en chef aguerrie, anime L'Indécapant avec expertise. Pionnière du jeu vidéo, elle critique et décrypte les tendances depuis plus de vingt ans.

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