Les services numériques gratuits et leurs controverses
Les services les plus importants du monde numérique, tels que WhatsApp, YouTube, Facebook ou Instagram, sont entièrement gratuits pour l’utilisateur. Pour générer des revenus, ces entreprises insèrent des publicités basées sur l’utilisation que font les utilisateurs pour détecter leurs intérêts et goûts.
En principe, il ne devrait y avoir aucun problème avec cela. Cependant, une récente enquête vient de désigner Meta et Google comme deux entreprises ayant formé une alliance pour diriger la publicité d’Instagram vers les mineurs sur YouTube. Cet accord a été fait de manière cachée, l’objectif étant d’empêcher les enfants d’utiliser TikTok, l’application concurrente.
Le pacte secret entre Meta et Google
Le média Financial Times a publié un accord supposé caché entre ces deux géants de la technologie visant à promouvoir quelque chose qui va à l’encontre de la loi : montrer des annonces publicitaires aux mineurs. Ces publicités apparaîtraient sur YouTube et essayeraient d’inciter les enfants à utiliser Instagram. Leur objectif était de les détourner de TikTok.
Le mode de fonctionnement était le suivant : sur la plateforme de publicité, les employés de Google présumément cataloguaient les utilisateurs de 13 à 17 ans comme ‘inconnus’ pour cacher leur âge. Il est important de noter que cette étiquette est utilisée pour classer les personnes dont l’âge, le sexe, l’état civil ou les revenus ne sont pas connus.
Grâce aux données qu’ils obtenaient par les applications téléchargées et le suivi de l’activité en ligne, les employés pouvaient prédire avec un haut degré de certitude que les utilisateurs ‘inconnus’ étaient des mineurs. À partir de là, ils pouvaient diriger certaines annonces publicitaires spécifiques.
Google et Meta auraient collaboré avec cette entreprise publicitaire
La campagne publicitaire ciblant les mineurs aurait été supervisée par Spark Foundry, appartenant à Publicis. De cette façon, des annonces d’Instagram seraient montrées sur YouTube aux enfants.
Cette campagne secrète a été exécutée au Canada entre février et avril 2024. Son application aux États-Unis a commencé en mai de la même année. Elle était même envisagée pour d’autres pays à travers le monde.
Face à cette révélation, Google a initié une enquête interne et annulé la campagne publicitaire interne. De plus, un porte-parole de la société a émis le communiqué suivant pour Financial Times :
« Nous interdisons que les annonces soient personnalisées pour les mineurs de moins de 18 ans, point final. Nous allons également prendre des mesures supplémentaires pour nous assurer que les représentants commerciaux n’aident pas les annonceurs ou agences à mener des campagnes visant à contourner nos politiques. »
Meta et Google ont déjà eu des problèmes avec les annonces publicitaires
Il faut se rappeler que les deux entreprises ont déjà été confrontées à des polémiques concernant la publicité numérique. Par exemple, en 2024, le Département de Justice des États-Unis a poursuivi Google pour abus de position dominante sur le marché publicitaire.
En ce qui concerne Meta, l’entreprise a été largement critiquée en 2018 à cause de l’affaire Cambridge Analytica, où il a été révélé que 87 millions de profils Facebook avaient été utilisés pour afficher incessamment des annonces électorales en faveur de Donald Trump.
En tant que journalistes spécialisés, nous rappelons qu’il est primordial de respecter les lois protégeant les mineurs en ligne. La monétisation de leur attention à des fins publicitaires pose d’importantes questions éthiques. Bien que l’omniprésence des grands noms du numérique dans notre quotidien soit indéniable, il est essentiel de veiller à ce que leurs pratiques restent transparentes et responsables. Il est encouragé de continuer à exiger des comptes des entreprises au nom des utilisateurs, surtout des plus jeunes.